Il y a cinq ans, Mélissa Lefebvre, enseignante d’art dramatique à l’école Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont (PGLO), présentait Bagages. Donnant la parole aux élèves issus de l’immigration, le projet a été salué par l’ensemble de la communauté éducative. Elle présente aujourd’hui une tout autre proposition, Bulles, réalisée avec des élèves avec trouble du spectre de l’autisme (TSA).
Bulles se veut une plongée dans l’imaginaire de ces élèves auxquels elle pose la question : «Si vous pouviez créer un monde, quel serait-il?» À question simple, réponse… complexe. Lorsque l’enseignante rappelle aux élèves que plusieurs personnes vont voir leur monde, Léo affirme, avec un sourire en coin : «J’espère que les gens sont mentalement prêts».
Les élèves ont en effet un imaginaire très riche. En mots et en dessins, Roy présente le titanopithèque, une créature qui possède tous les ADN ; Houssein propose pour sa part un télépathe, gardien de la planète; Leo imagine l’univers de Mécanus, une société anarchocapitaliste; Daniel présente le monde des dragons adorables (qui crachent de la bonne glace) et Thomas Symphonésia, où les instruments de musique sont vivants. Une murale en réalité augmentée présentant ces mondes imaginaires, en 3D, concluait la première partie du projet.
À la fin du mois d’avril, le public était convié au Théâtre Outremont pour assister à la présentation de Bulles sur scène. La production incluait des éléments de théâtre, de cinéma, d’animation vidéo et de réalité augmentée réalisés à l’aide de Roby Provost, un artiste spécialisé dans les nouveaux médias. Sur les visages des jeunes se lisait le bonheur de susciter l’admiration en accueillant, dans leur monde, quelques centaines de spectateurs et de spectatrices.
Au tout début de Bulles, la vidéo racontant le projet, l’enseignante affirme : «J’ai le goût que tout le monde voit à quel point vous êtes des génies créatifs», quatre ans plus tard, force est d’admettre qu’elle a relevé son défi haut la main.
